L’Alsace et la Moselle sont annexées par le IIIème Reich après l’armistice du 22 juin 1940. Hitler prend ainsi une revanche sur la défaite de 1918. Immédiatement, la SS investit l'Alsace-Lorraine. Son administration est germanisée ainsi que les usines et les mines. La langue française est prohibée.
Des prospections sont lancées dans toute la région pour exploiter au mieux le pays fraîchement conquis. Hitler, qui vient de se lancer dans une série de projets architecturaux, cherche en particulier des carrières de pierre.
En haut du Mont Louise, dans les Vosges du nord, le géologue colonel SS Karl Blumberg découvre un filon de granit extrêmement rare, du granit rose. Bingo ! C’est exactement ce que cherche le Führer qui considère que le granit fait partie des matériaux durables et de prestige.
Himmler, chef de la Gestapo et de la police, et Oswald Pohl, chef de l’Office central de l’Administration économique de la SS, ont l'idée de faire travailler des déportés dans la carrière.
Il existe déjà sur place une ferme, un hôtel, une auberge et une petite salle des fêtes.
C’est l’endroit parfait pour créer le camp. Le lieu est discret, à l’écart de tout, et une ligne de chemin de fer dessert le bas du Mont Louise.
Le 1er mai 1941, les nazis entament donc la construction du « Struthof ». 300 déportés communistes allemands et autrichiens en provenance de Sachsenhausen sont internés dans les bâtiments existants. Ils doivent tailler le chemin d'accès à la veine de granit et aménager le versant plein nord en y creusant des plateformes destinées à recevoir les 17 baraquements du futur camp.
L’hôtel et les pistes de ski prisés par les Strasbourgeois qui venaient s’y divertir en famille depuis le début du siècle laissent bientôt la place au camp de concentration (KL, Konzentrationslager en allemand). Le petit paradis se transforme en antichambre de l’enfer.
Le camp se compose du camp principal et de près de 70 camps annexes, tant en Alsace que de l'autre côté du Rhin. Au total, il recevra en moins de quatre ans 52 000 prisonniers, les morts étant prestement remplacés par de nouveaux arrivants.
Prévu à l'origine pour 2 500 déportés, le camp et ses annexes en hébergeront jusqu'à 10 000 en 1944, de 32 nationalités différentes.