Chaque année le 4 juillet, les Américains célèbrent leur fête nationale aussi appelée Independence Day. Elle commémore la signature de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis le 4 juillet 1776 par les représentants des treize(*) colonies britanniques d’Amérique du Nord, qui faisaient ainsi sécession avec la Grande-Bretagne de façon unilatérale. Le différend initial entre la métropole et ses colonies portait sur des impôts supplémentaires que l’Angleterre entendait lever en Amérique.
L’Indépendance effective ne sera signée qu’en 1783, après une longue Guerre d’Indépendance dans laquelle la France, toujours contente de s’opposer aux Anglais, vint apporter son renfort aux Américains. La Déclaration d’Indépendance de 1776 a cependant pris rang de fête nationale car elle constitue le premier texte politique, issu des écrits des philosophes libéraux et des Lumières, qui institue officiellement les droits fondamentaux des hommes et les justes pouvoirs des gouvernements.
Pour mieux comprendre l’enchaînement des événements historiques ainsi que les diverses alliances entre puissances européennes et colonies américaines, il faut remonter à la Guerre de sept ans (1756-1763). Principal affrontement armé du XVIIIème siècle, elle est considérée comme la première guerre d’ampleur mondiale car elle se déploie sur plusieurs continents et met aux prises deux alliances opposées. Les deux adversaires de premier rang sont la France et la Grande-Bretagne avec leurs premiers empires coloniaux respectifs, mais par le jeu des ententes et des opportunismes, le conflit englobe la Prusse aux côtés des Anglais, contre l’Autriche, la Russie et l’Espagne (et son empire colonial d’Amérique du Sud) aux côtés de la France.
Si l’enjeu européen porte sur la Silésie, dont la perte par l’Autriche en 1742 lors de la Guerre de succession d’Autriche sera confirmée, le centre du conflit tourne autour de la rivalité nord-américaine entre la France et l’Angleterre. Par le Traité de Paris de 1763, la France, dont la marine a été décimée, perd entre autres ses deux grandes possessions américaines, c’est-à-dire la Nouvelle-France, rebaptisée Province de Québec par le Roi d’Angleterre (sauf Saint-Pierre et Miquelon) et la Louisiane qui s’étendait des Montagnes Rocheuses à l’Atlantique. L’esprit de revanche sur l’ennemi anglais de toujours ne va pas la quitter et une bonne occasion va se présenter, précisément en Amérique, avec les insurgés des colonies britanniques.
Grand vainqueur militaire, territorial et culturel de la Guerre de sept ans, le Royaume de Grande-Bretagne n’en est pas moins épuisé financièrement, d’autant que selon le Traité de Paris, il doit assurer la sécurité des colonies par une présence militaire de 10 000 hommes.
Le remède à ce genre de situation est connu et n’échappe pas à la sagacité du Premier ministre anglais qui décide de lever de nouveaux impôts en mettant à contribution les colonies américaines sans les consulter. Après le Sugar Act de 1764, le Parlement anglais vote le Stamp Act de 1765 qui stipule que tous les documents, permis, testaments, contrats, cartes à jouer doivent être munis d’un timbre fiscal. Il devient assez vite évident que ces recettes alimentent surtout les caisses de la métropole, et qu’en fait de protection, il s’agit plus de protéger le commerce des peaux et fourrures que d’assurer la sécurité des colons. Ces derniers ressentent une grande animosité envers le nouvel impôt et refusent pour la plupart de s’y plier.
Le juriste américain Patrick Henry, fortement opposé au Roi George III qu’il qualifie de tyran, présente à la Chambre des Bourgeois de Virginie une série de résolutions dans lesquelles il conteste le droit du Parlement britannique à taxer les colonies dans la mesure où celles-ci n’ont pas de représentants élus en son sein. Il appelle à la désobéissance civile, et un peu partout des percepteurs subissent la colère des colons. Il n’est pas rare qu’ils finissent enduits de goudron et de plumes. Londres annule le Stamp Act, mais revient à la charge avec des droits sur les importations appréciées des colons, dont le thé (1768).
C’est le début d’une escalade d’incidents et de manifestations qui aboutiront à la mort de cinq manifestants à Boston (1770) puis à la naissance du mouvement rebelle Tea party, inauguré en 1773 par le débarquement à la mer des cargaisons de thé de trois navires de la Compagnie des Indes. Loin d’accéder aux demandes des colons, le Roi George III déclare les colonies en état de rébellion. En 1775, un détachement anglais tombe dans une embuscade sanglante à Lexington (Massachusetts). Les hostilités ouvertes avec la métropole anglaise commencent. Les insurgés, encore très minoritaires, décident de créer une armée et de réunir des armes. Sous le commandement de George Washington, ancien officier de l’armée anglaise et futur premier Président des Etats-Unis, ils assiègent les soldats anglais de Boston.